Loin de la rivière
Roman
Presses de la Cité -2008 – 350 pages
Prix de la Société Littéraire et Artistique de la Baule
1900/1910
Les découvreurs
Début du XXème siècle, le destin d’Herminie, entre Bretagne et confins des Montagnes Rocheuses.
A Kerbrénou, vit Herminie qui tente de se reconstruire après la mort de son mari. Dans ce lieu où elle est née, dont elle connaît les moindres recoins, de l’immense parc au pressoir à cidre, du potager au pigeonnier, tout lui est réconfort. Et pourtant Armand de Vrigny qui porte en lui un rêve, émigrer dans l’Ouest canadien, vient bouleverser cet ordre si difficilement établi. Pour lui, Herminie quitte tout : son jeune fils Edouard, son domaine, sa réputation.
L’aventure les conduit jusqu’en Alberta. Là, ils mènent la rude existence des pionniers et fondent la cité dont ils rêvaient. Mais Herminie, même par amour, peut-elle vivre loin de son fils, loin de Kerbrénou, loin de sa rivière ?
Extrait
« La robe alezane de Courageuse frissonne dans le vent. Les hautes herbes pareilles à de la sauge dans lesquelles plongent ses sabots, ondoient. Deux aigles survolent les silhouettes de l’homme et de l’animal qui n’en paraissent qu’une. Immobile, Armand fixe la vallée en contrebas.
Le commencement du monde !
Devant lui à portée de main, à portée de vie. Là à ses pieds. Ici. Maintenant. Dans cette prairie. Devant cet horizon dont les limites sont si floues. Il regarde à côté de lui. Courageuse a tressailli, en même temps qu’elle a senti son maître opérer ce très léger demi-tour de la tête. Herminie regarde elle aussi. La même direction. A fleur de joues, seules ses mâchoires trahissent son émotion. Elle sait. L’endroit qu’Armand cherche. Devant eux.
A leurs pieds (…) s’ébauche une pente douce, un vallon sur plusieurs dizaines d’hectares semblable à une très vaste coque de navire renversée que ceinturent trois collines en dos de tortue. Au centre, les méandres d’un large cours d’eau, perdu dans les joncs. De loin en loin, des bosquets de bouleaux, de hêtres.
Armand se tourne vers Herminie :
– C’est là, n’est-ce pas ?
Ce 10 août 1902, Armand de Vrigny vient de trouver sa terre promise ».