La tête en arrière
Roman
Editions DIABASE Littérature – 2009 – 96 pages
Prix Yann Brékilien 2009 Association des Ecrivains Bretons
Ce roman a été mis en musique par la sensibilité aigüe d’un artiste, Arthur Guillemot.
Une jeune femme raconte : son enfance confiée à une tantine, les aléas de son adolescence, la présence épisodique d’une mère aux amours chaotiques, tour à tour enjouée ou cruelle. Une mère différente dont elle s’obstine, jusqu’à l’âge adulte, à percer le mystère.
Chaque situation de ce roman tisse la trame de deux vies qui tentent de se construire entre tendresse et violence, absence et attente, comme deux parallèles qui n’en finiraient pas de se regarder sans pouvoir se rencontrer.
Un roman tendu, vif comme le feu de son histoire. Une écriture économe, presque clinique, émouvante.
Thérèse dormait.
Chaque fois qu’elle venait me voir le dimanche, elle dormait. Chaque premier dimanche du mois. Je la regardais dormir. Je trouvais ça … interminable. Elle se couchait sur le petit lit d’appoint dans un coin du salon, après le déjeuner, s’enveloppait dans une couverture, s’enfouissait la tête dessous, me disait :
« C’est juste pour me reposer un peu, tu verras ce ne sera pas long. mais tu sais, Maman travaille beaucoup dans la semaine, elle est très fatiguée. Après on fera plein de choses, on jouera aux cartes… Maintenant il faut laisser Maman se reposer…
Je détestais quand elle me disait ça, non parce que je savais pertinemment qu’elle mentait sur le fait que l’on jouerait ensemble plus tard – on ne le faisait jamais – mais parce qu’elle le disait avec le pouce dans la bouche. Cela faisait une bouillie de mots incompréhensibles. Les derniers, elle ne les prononçait plus, car elle dormait déjà. Je les entendais quand même…
En aparté…
Ce roman a été mis en musique par la sensibilité aigüe d’un artiste, Arthur Guillemot.
Ce livre est malgré les années, un ovni, dans mon écriture ! Il a été écrit en trois jours (et trois nuits) sans interruption ou presque. D’un seul jet. La structure était déjà en place, les chapitres tels qu’ils ont été publiés.
Il n’est pas impossible que je le gardais au fond de moi depuis 25 ans …
Comme j’aimerais retrouver ce moment de grâce de l’écriture…
J’ai également retrouvé la lettre qu’a publié un des membres du jury qui m’a accordé le prix. En voici un petit extrait :
Son auteur est Gérard Le Gouic, grand poète breton
J’ai horreur de l’emploi du mot « magique » fort utilisé aujourd’hui , mais il s’impose quand il s’agit du livre de Nathalie de Broc que nous couronnons cette année : la tête en arrière aux éditions Diabase, dont nous connaissons les choix exigeants.
C ‘est un roman que l’auteur a écrit en quelques jours, sous l’emprise d’une inspiration que je qualifie de poétique. Etat de grâce, de tension, de poésie…
et pour la petite histoire c’est d’ailleurs lui qui m’a appelé pour m’annoncer que j’avais le prix… alors que je ne savais même pas que mon livre était en lice ! il me l’a annoncé alors que j’étais au salon de Nancy ; le livre sur la place. et je me tenais exactement face à cette grille. j’ai immortalisé le moment !
Ils en parlent…
La tête en arrière
« C’est une histoire douloureuse que raconte Nathalie de Broc, dans ce roman. Non-dits, situations troubles, absence d’affection… avec des phrases sobres, l’auteur évoque ici une relation mère-fille infiniment bouleversante. Une réussite. »
Yves Loisel, Le Télégramme