La sorcière de Locronan

Roman

Presses de la Cité – 2009 – 250 pages

Au XVIIème siècle, l’âge d’or de la Bretagne. Le temps du lin, des tisserands, des enclos paroissiaux.

Sur les chemins qui la mènent vers Locronan, Maëlig a déjà connu tragédie et abandon. Son seul compagnon : un violon dont elle sait jouer avec un étrange talent. Mahaut, la bienveillante, guérisseuse à ses heures, la recueille et lui enseigne son art. Ensemble, elles soignent les notables de Locronan, la riche cité des toiles qu’on exporte jusqu’en Espagne.

Mais la reconnaissance pour leurs bienfaits est de courte durée. Bientôt sous le coup d’une série de crimes atroces, Locronan s’enflamme. Et tout naturellement, désigne de sa vindicte cette rousse, avec sa tache de naissance, et son don pour la musique. Nul doute qu’elle est créature de Satan. Circule un mot « sorcière » sournoisement colporté.

Mais par qui ?

Extrait

« Je cherchai une échappatoire, mais la procession était devenue compacte, de serpentin dispersé elle était passée à un ondoiement dense que ma petite taille jugea soudain très inquiétant. Tout près de moi, trois femmes que je n’avais encore jamais vues à Quintin me toisaient avec un mépris évident. Du bout de leurs lèvres, qu’elles avaient fort pincées, monta une rengaine où revenait l’adjectif « rouquine ». Le mot survola vite la foule qui se massait autour de nous, y trouva un écho. Je m’affolai, cherchai désespérément ma mère dans cette foule vociférante où j’étais près de me noyer.
Derrière les trois commères s’agglutinaient de plus en plus de curieux. La panique me gagnait. ; bave à la bouche, le Bredin ne paraissait pas comprendre la situation, frappait le sol de sa canne. Ses coups me résonnaient dans le crâne, s’entremêlaient aux « rouquine, rouquine » que scandaient les mégères. L’impression de tourner attachée à un mât de cocagne m’envahit. Des mouches me brouillaient la vue. Je transpirais. Je grelottais. Soudain, Johann partit d’un cri qui acheva de me paralyser. Son index désignait mon cou ; son bâton martelait les pavés. De plus en plus fort. La langue coincée entre ses dents, avec ce chuintement si désagréable quand il essayait de parler, dans son excitation, il hurla, étonné, ravi de sa découverte :
– La tache, la tache… !
Le mot s’ajouta à celui de « rouquine », s’enroula à lui, comme lierre sur un mur. Je n’entendis plus que ce mélange et m’écroulai dans le désordre des jambes qui me foulaient… »

En aparté…

Pour ce roman, il a bien fallu que je me mette au violon pour comprendre ce que ressentait mon héroïne… elle était nettement plus virtuose que moi !

Petit extrait du journal d’une sorcière (évidemment)… que je m’étais amusé à écrire pour ce roman

Août 2008

Contrat signé pour la sorcière de Locronan… enfin ! après deux tentatives pour faire accepter l’idée de ce synopsis. Ah ma sorcière à la première personne, aura-t-elle fait peur à mon éditeur ! Mais j’ai réussi à passer cette fourche caudine, en ne disant pas un mot de l’histoire. Le meilleur moyen pour mettre les chances (?) de mon côté. Je ne dévoilerai la vérité que lors de la remise du manuscrit…. Sachant que mon éditeur n’aimera pas dans un premier temps que ma sorcière dise « Je ». Car peut-il en être autrement ? Une sorcière contre le monde entier, ne peut parler d’elle à la troisième personne.

Donc « je ». Tout le roman devra être vu à travers le prisme de son regard. Elle sera omniprésente. Cela m’inquiète pour Mahaut, la femme qui va la recueillir après la mort de sa mère. Je ne pourrai pas faire dire de Maelig qu’elle est famélique, comme un chaton repêché in extremis. Justement tiens, peut-être bien que je la jetterai à l’eau après le rejet des moines de l’abbaye du Bon Secours.

Le style également doit être différent des autres livres, retrouver une espèce de parler du XVII ème.

La musique va devoir prendre une grande place. Pour commencer la leçon de violon avec Thomas. Qui lui-même doit traverser de loin en loin le paysage de Maelig. Sans que rien de ses sentiments ne soient indiqués. Faire qu’à la fin, leur amour soit une évidence sur laquelle je ne me suis pas appesantie.

Ajouter à Foulques Bertrand un personnage de fils, Thibault, dont il est immensément fier, sur lequel il bâtit tous les espoirs. Un être bon, doué de talents, ange expiatoire qui paiera pour l’immonde forfait de son père.

 

Premier chapitre, étoffer les descriptions ? Ou réserver un chapitre plus objectif pour situer le contexte historique.  Chapitre qui ne serait pas avec le je. Mais dans ce cas, il faut reprendre la méthode à plusieurs reprises, s’en servir comme une respiration, pour permettre de raconter d’un autre point de vue, et je pense à Mahaut et la description du petit chat sauvage. Mais peut-on introduire, ce genre de chapitre avec un récit à la première personne ?

Ils en parlent…

La sorcière de Locronan

Toute la matière du livre est rendue à la première personne ce qui fait de Maëlig, la confessante sa vie, dans ce roman fascinant qui nous fait aimer la Bretagne …

Patrick Manuel L’éclaireur 2/11/2009

Une héroïne sympathique, du suspense, un beau coup de théâtre : voilà la sorcellerie de Nathalie de broc qui envoûte le lecteur.

Yannick Pelletier Ouest France 18/11 /2009

Ce magnifique roman nous rappelle que le diable sait parfois se dissimuler sous le masque de l’ange.

La Manche Libre 30/01/2010

Le roman se dévore comme un des meilleurs du genre et mérite de figurer dans toute bibliothèque bretonne (ou pas !) qui se respecte !

Thierry Jigourel Armor Magazine Novembre 2009

Un très beau roman porté par une écriture limpide et poétique.

L’Est éclair 4/10/09

Présentation de la sorcière lors du salon « Le livre sur la place » à Nancy

Inspiration

Share This