Les Etés de Grande Maison
Roman
Presse de la Cité, 395 pages
Nina ne vit que l’été.
Ses étés sont magiques, au regard de son quotidien en banlieue parisienne. Chaque année, la fillette renoue avec sa famille maternelle bretonne, tribu flamboyante aux rituels immuables et aux grandes tablées. Elle voue à chacun des Bremeur-Duval un amour inconditionnel que sublime le cadre enchanteur de Grande-Maison.
Retrouvailles complices avec sa cousine Claude, la sublime tante Sacha, Bon-Papa et ses tirades poétiques… Mais au fil des étés, Nina s’interroge. Quelle est sa place au sein de ce clan qui ne vit que dans le paraître ? Elevée par une employée de sa mère, n’est-elle pas étrangère à leur monde ?
En découvrant la face secrète des Bremeur-Duval, Nina apprend la vérité sur sa propre histoire. Il lui faut grandir, quitte à renoncer aux mirages tant aimés de sa jeunesse et affronter, enfin, une nouvelle réalité.
Extrait
Nuit du 20 au 21 juillet 1969
Deux heures du matin.
Dans la maison, personne ne dormait.
Et malgré leur âge : huit ans, elles non plus.
Mais, ô chance, trop absorbés par la télévision, nul ne les surveillait. De l’escalier montaient des commentaires excités, bruyants, enthousiastes. Tant que les adultes étaient occupés, au moins ils leur fichaient la paix.
Au dîner, ils avaient dit :
« Exceptionnellement cette nuit, on viendra vous réveiller pour que vous regardiez la télévision avec nous. Le premier homme va marcher sur la Lune, vous vous rendez compte ?
— Euh… »
En fait, elles s’en moquaient.
« Tant pis, vous resterez dans vos lits.
— D’accord ! »
Elles l’avaient dit en même temps. Les adultes auraient dû se méfier. Cette facilité à être obéis sans un commentaire, sans une récrimination, sans le moindre « C’est pas juste ». Ils étaient tombés dans le panneau avec une candeur stupéfiante. Se faire rouler aussi facilement. Ils n’avaient pas compris que la perspective d’avoir la maison pour elles, de l’explorer à cette heure incroyable, sans la peur de se retrouver dans le noir, sans la peur des craquements, toujours au même endroit de l’escalier, sur la marche numéro trois, là où elles étaient certaines que le fantôme blanc attendait pour leur sauter dessus, d’aller courir dans le jardin, sans la peur des chauves-souris qui s’agrippaient aux cheveux, cette perspective-là était trop belle.
Puisque tout serait éclairé.
Cette nuit-là, la peur allait être abolie.
Ils en parlent…
Les Etés de Grande Maison
« Je viens de terminer les étés de Grande-Maison et je suis très émue en fermant le livre. Chair de poule et larmes aux yeux. Il est très fort et très beau. Merci… » Isabelle