Marianne Maury Kaufmann crédit photo Eytan Jan

Vider son sac… Gwenaëlle Bron

Gwenaëlle a toujours un voyage dans la tête. Passé, présent, futur. Mais comme elle ne cultive pas (trop) la nostalgie (…quoique !), pas le temps, la vie est trop présente, trop remplie, elle pense sans doute déjà au prochain.

Le premier, c’était il y a 20 ans. Sac au dos, caméra et trépied avec une copine. Pendant 20 mois, des reportages à travers les continents avec pour fil d’Ariane une enquête sur l’eau, la gestion de l’abondance ou de la pénurie. Prémonitoire. Elle en est revenue avec un livre : sur la route de l’or bleu (éditions l’ancre de marine).  C’est de ce premier voyage qu’est née l’idée d’un deuxième. Ne pas dire second, car il y en aura certainement un 3ème…

J’avais toujours dans un coin de ma tête ce rêve qu’un jour je repartirai. Car l’expérience avait été tellement forte.

Mais cette fois avec toute sa petite famille. Restait à trouver le bon moment.  Ne pas laisser passer l’occasion, sachant que pour sa fille approchait la fin du collège et que partir loin pour une bientôt ado de 13 ans, cela serait moins simple. Pour son fils encore un sursis, à l’époque, il n’avait que 8 ans.

Gwenaëlle pose des dates à France 3 où elle est caméraman reporter depuis 2000. Va pour 2021, 4 mois, de mai à août pour le retour. Mais passés les premiers confinements, le Covid était toujours là. Et l’éventualité d’avoir à se réenfermer rôdait.

Avec Gaël mon compagnon, on s’est dit : si les frontières sont fermées, on s’offrira un petit break sur les routes de France. Une échappée familiale. Au moins un temps à partager dans notre bulle. C’est maintenant ou jamais.

 

Après l’heure, on le sait, ce n’est plus l’heure.

Donc départ en camping-car. Plus simple, au moins on sait où on dormira chaque soir. Dans son propre espace même réduit mais avec ses affaires, ses livres, voire son doudou. Son petit chez soi portatif en ces temps un peu complexes, de quoi se rassurer.

L’itinéraire ? L’idée de base, était de visiter l’Europe de l’Est. Au final, compte tenu de la situation sanitaire, ils traverseront plutôt les Balkans : Slovénie, Croatie, Monténégro, Albanie et la Grèce, via l’Italie, à l’époque zone rouge et donc contraintes administratives pour cause de Covid avec contrôles aux frontières un peu chronophages.

Mais peu importe nous avions le temps, sachant que l’objectif n’était pas d’avaler des kilomètres, ni de suivre au point près un programme préétabli. Certains jours, nous roulions beaucoup, d’autres, on s’arrêtait longuement dans un endroit parce qu’il nous plaisait. Mais j’aime aussi lorsqu’on repart. Cet instant précis où on reprend la carte sur les genoux, ou l’appli et où on se dit : tiens où va-t-on dormir ce soir ?  Que va-ton visiter ?  Un souvenir parmi d’autres ? la place Saint-Marc à Venise… vide. Rien que pour nous. Moment plus que privilégié.

La vie s’installe. Entre deux étapes, des balades à vélo. Pour Marie, autonome et assidue, travail avec l’appli du collège et cours en ligne. Pour Malo, un temps dédié le matin pour les cours. Mais pas tous les jours ! Après le petit déj le plus souvent pris dehors. Et puis des moments pour se retrouver soi. Vraiment seul. Parce que pas simple de vivre à 4 dans 10 mètres carrés en permanence. Chacun son échappatoire, pour Marie les photos, tandis que Gwenaëlle se plonge dans la lecture, que Gaël part faire un tour de vélo ou que Malo s’imprègne de nature.

Ce sont tous ses moments qu’une fois rentrés – il a bien fallu- Gwenaëlle a eu envie de ne pas oublier.  Déjà par son blog -très suivi- il y avait eu un avant-goût destiné d’abord à ses proches puis le cercle s’est rapidement étendu.

Elle recevait des témoignages d’inconnus :

Cela fait du bien de voyager à travers vous.  Vous le faites pour nous.

Une petite bouffée d’air qu’elle voulait prolonger. Laisser une trace. Se souvenir des belles choses avec un regard bien spécifique aussi. Observer ses enfants face au monde. Saisir ce qu’ils avaient pensé de ce moment ensemble. Un temps, elle a été tentée de parler à la place de son fils, mais se (re) mettre dans la peau d’un petit garçon de 8 ans, ce n’est pas aisé : c’est un métier, sourit-elle– alors j’ai repris mon rôle de narratrice, tout en leur donnant la parole régulièrement. Et avec l’aide d’un illustrateur à l’aquarelle, s’inspirant des photos réalisés pendant le voyage le livre naît par l’intermédiaire d’un financement participatif. https://fr.ulule.com/se-faire-la-belle-/

Aventure d’un autre genre !

Et son sac… On imagine bien que sa fonction première est toute trouvée : répondre à ce qui lui trotte en permanence dans la tête. Alors il est fait pour recevoir tout le bazar possible et surtout pour fournir en permanence de quoi noter, de quoi se baigner, de quoi courir.

La prochaine échappée belle ? Oh juste deux petits jours…  au bout de la Bretagne.

Pour Gwenaëlle c’est déjà un voyage…

Avant tous les autres à venir.

 

Nathalie

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