Vider son sac… Aurélie Jean
Lorsqu’à propos du sujet de sa thèse à l‘école des Mines : la modélisation mathématique et numérique, géométrie de particules de carbone à l’échelle nanoscopique (sic) Aurélie Jean, docteure en sciences, auteure et entrepreneure me dit :
C’est vrai que dit comme ça, ça a l’air chiant c’est sûr, mais en fait je t’assure c’est hyper fun…
Quoi d’étonnant à ce qu’elle sorte de son sac très girly, rose flashy, un canard…. Tout aussi flashy.
Sauf que ce canard n’est pas là juste pour faire joli ou comme un doudou, il a une véritable utilité. C’est même une méthode qui a fait ses preuves auprès de pas mal de programmeurs et autres analystes anglo-saxons quand ils s’interrogent sur un codage ou un algorithme qui leur paraît incorrect…
Tout simplement ils en parlent à leur canard…
Et pour citer l’inventeur de la méthode : un étudiant de l’Imperial College London, réputé excellent programmeur :
L’avantage du canard en plastique sur un interlocuteur humain est que sa capacité d’écoute et sa patience sont sans limite…
CQFD.
Avec Aurélie, on navigue dans le monde des algorithmes, avec une simplicité déconcertante et un humour qui affleure ; elle rend tout accessible, sans se prendre la tête. Même sur des sujets qui, au premier abord, ne sont pas des plus sexys, voire totalement abscons.
Un exemple ? Son premier livre : de l’autre côté de la machine (éditions de l‘Observatoire) voyage d’une scientifique au pays des algorithmes…
Je vous sens tiquer un peu rien que pour le titre. Vous avez tort ! D’abord il se lit comme un roman, c’est d’ailleurs un best-seller, et ensuite, on comprend tout, on se passionne. Notre scientifique a une façon décontractée de décrypter l’origine des algorithmes, de nous en expliquer l’utilité, bref de nous faciliter la tâche et de dédramatiser le tout. On se croirait presque capable de suivre ses cours en ligne au MIT (Massachussetts Institute of Technology) … c’est dire.
Aurélie possède l’art consommé de la simplification. Mais elle reconnaît que l’exercice en question lui a donné du fil à retordre :
C’est un monde que je connais tellement, qui me parait logique, mais ça ne veut pas du tout dire que c’est facile de l’enseigner aux autres sans compter qu’on ne s’improvise pas écrivain…
Il lui a fallu deux années de travail pour venir à bout de ce premier livre… de vulgarisation bien qu’elle n’emploie jamais le terme.
Tous les jeudis, elle publie une chronique dans le Figaro, sur les algorithmes, le monde numérique en général, les craintes ou non à avoir au sujet de l’intelligence artificielle etc… quand je lui pose la question de la couleur politique du journal :
C’est le genre de pensée binaire qui ne m’intéresse pas, je suis plutôt libérale démocrate à l’américaine ; dans ce journal on donne la parole à tous, quelles que soient leurs opinions et c’est que je recherche. Contrairement aux idées reçues, le Figaro possède un lectorat très important branché sur le numérique et il a su répondre à l’attente de ce public.
L’année dernière, elle s’est lancée dans la fiction. A quatre mains. Avec Amanda Sthers, écrivaine, scénariste, dramaturge qui, comme elle, vit à Los Angeles et pour laquelle, elle a eu un vrai coup de foudre d’amitié. Quand deux têtes brillantes décident d’écrire une dystopie ensemble, cela donne :
Résistances 2950 (Éditions de l’Observatoire)
Le sujet : la France dans moins de trente ans où près de 90% des gens ont une puce dans le cerveau. Mais 10% résistent : ces deux partie d’un même monde se divisent, s’éloignent inéluctablement mais vont devoir se retrouver, voire s’unir face à une 3ème force.
Sacrée aventure que l’écriture de concert. Aurélie y a apporté son savoir de scientifique et Amanda son talent de conteuse.
J’ai beaucoup appris. J’allais totalement à contre-courant de l’écriture habituelle d’un essai qui entre parenthèse est pour moi bien plus facile à faire. Là, j’ai dû me freiner, apprendre à jouer avec le suspens, distiller les informations au compte-gouttes au fur et à mesure des chapitres. Tout un apprentissage que je n’imaginais pas. La fiction ? C’est vraiment dur, très dur….
Pourquoi Aurélie n’a aucun mal à faire passer les messages les plus ardus ? Parce qu’elle cultive quelque chose d’assez rare.
Cela s’appelle l’humilité.
Nathalie