Et toujours ces ombres sur le fleuve…
Presse de la Cité 2015
Roman
Prix du Roman Populaire
1793, ligne des ponts de Nantes
Lucile court. Sur les pavés de Nantes.
Elle court pour oublier ce qu’elle vient de voir. L’innommable.
Jamais elle ne parviendra à effacer le souvenir des siens jetés nus dans la Loire en cette année de Terreur 1793. Pas plus qu’elle n’oubliera l’homme qui a présidé au destin funeste de ses parents et de son petit frère Théo.
Un seul but désormais pour la jeune orpheline : assouvir sa vengeance.
Mue par cette énergie, Lucile en oublie qu’elle n’a plus que le pavé pour dormir. Près du port ou du théâtre Graslin. Son destin va basculer, là, sous les ors de ce sublime édifice, auprès de Madame Flavie qui offre vivre et couvert à Lucile et se prend même de passion pour ce petit être au regard étrange et au caractère imprévisible.
Détail qui compte : Madame Flavie est la seconde d’une maison close pas loin du quai de La Fosse dans la belle ville de Nantes…
Extrait
Chantenay,
23 Décembre 1793
La foule semble grossie de dizaines de nouvelles têtes, toutes grimaçantes, gargouilles éructantes, riant gras. Les tricoteuses sont aux premiers rangs, se frottent le chignon de leurs aiguilles de bois pour que les mailles glissent plus aisément. Les abords de la Loire, en lieu et place de la grève de Chantenay, se noircissent, malgré le froid inhabituel, d’un monde dépenaillé qui scande à tue-tête :
– A mort ! et chante la Montagne.
Lucile s’affole, tremble de partout, pauvre papillon prisonnier à chercher la lumière, dans ce début d’obscurité habitée de flambeaux bleutés, moucheron englué dans une masse hurlante à se débattre vainement. En ombre chinoise, la foule la porte telle une vague ; elle est proche de s’y noyer. Un faible « maman » penaud lui échappe. Miaulement inaudible de chaton contenant à lui seul la misère du monde, le chagrin de cette enfant de douze ans que ses jambes peinent à soutenir. Elle ne le sait guère mais sa petite taille la sauve. Qui décèlerait la forme minuscule sous le fichu, la robe à l’ourlet crotté, au cœur de cette populace sommée d’assister à la baignade monstrueuse que va offrir le commissaire de la révolution Jean- Baptiste Carrier à la ville de Nantes en ce 3 nivôse de l’an II. Lucile aurait dû être de ce « mariage républicain » comme vont en être ses parents, son petit frère qui, déjà plus mort que vif, se pelotonne contre leur mère.
En aparté…
Ce roman va connaître une nouvelle vie. Les éditions des Presses de la Cité ont en effet décidé de le publier à nouveau en janvier 2021. Avec un nouveau titre : ces ombres sur le fleuve. Mais ce ne sera pas la seule modification…un peu de patience et vous aurez la réponse à la lecture 😉 !
Ils en parlent…
Et toujours ces ombres sur le Fleuve…
En 2015, Et toujours ces ombres sur le Fleuve… a été récompensé par le prix du Roman populaire