J’ai plus une minute à moi !

Je ne sais pas vous, mais moi, mon planning de confinement est surbooké. Dès le matin, ça démarre sur les chapeaux de roue.

8h, méditation en live.

Avec le changement d’heure, je mets mon réveil. Une heure de sommeil en moins, c’est dur. A peine réveillée, l’œil pas vraiment ouvert, j’entends : « on se connecte avec l’Univers, on inspire, on retient sa respiration 7 secondes… et on expire. Ce matin, failli me rendormir.

9 heures, conférence avec un professeur de l’Université X sur les incidences de la chloroquine en milieu hostile.

Pas le temps de prendre mon petit déj’.

A partir de 10h, symposium de l’inconscience : une rafale de webinaires. 5 à la suite.

Au programme : « comment gérer le désespoir », « je suis le maître du Monde à partir de chez moi », « comment protéger la glande pinéale, (c’est où ?) » et passer « de l’abondance à l’effondrement ». Pour le déjeuner, c’est râpé. Pas trop grave, vu que les kilos commencent à s’accumuler, comme les berniques à un rocher ou les récriminations au gouvernement, c’est selon.

Hier, c’était le levain pour les Nuls. Il bulle dans un bocal sur un coin du plan de travail. Les fourmis ont préparé un plan d’attaque.

14h30, changement de fuseau horaire.

Direction méditation grande échelle, depuis Los Angeles, avec la planète confinée de concert, Oprah Winfrey et Deeprak Chopra. Un peu de mal à jongler avec Google traduction et à me concentrer en même temps sur mes chakras.

15h30, cours de piano en vidéo.

Skype fait des siennes, mes arpèges ne sont pas concluants, mais ma prof, quelque part en Estonie me fait reprendre à la troisième mesure de la main gauche.

16h30, cours d’aquarelle.

Pas eu le temps de préparer mes pinceaux. Tant pis, j’entre dans la salle Zoom de vidéo et essaie de passer inaperçue (traduisez, je n’ai pas branché la caméra de mon ordi) style la cancre au fond de la classe.

17h, j’ai pas tenu, me suis carapatée du cours. Mais pétition à signer en ligne pour la demande de réouverture des marchés en plein air.

17h30, ouf ! une pause. Début de l’apéro en what’s app.

Je ne pourrais pas rester longtemps les gars, j’ai méditation du soir dans moins d’une demi-heure. Et plus on est nombreux, plus cela fait s’élever le niveau vibratoire de la planète. Alors évidemment que je ne veux pas être responsable de son abaissement soudain. Toujours pas eu le temps de grignoter quelque chose.

20 heures, on fête l’anniversaire de la voisine. Au balcon. En prime, le concert de son petit dernier qui vient de démarrer le violon. Heureusement avec l’orientation de la maison, j’entends pas tout.

21 heures, je suis claquée. Normalement, j’ai yoga. Toujours histoire d’élever le niveau vibratoire.

J’ai faim.

22h. Je viens de descendre mes provisions pour trois jours.