“En Transit”-Episode 4
11 avril 2020, trente-troisième jour de confinement

Une journée sans internet, sans téléphone, sans radio. Pour la télévision, pas de problème, je ne l’ai plus depuis dix ans… juste lire, sur une chaise longue, luxe suprême ; la chance d’avoir un jardin et d’être étonnée de la façon dont la nature reprend discrètement le dessus, nous en met plein la vue. Et peut-être cela me frappe-t-il encore plus, moi que le covid 19 a piégée (il paraît que, maintenant, on dit LA covid 19… ? ça m’étonnait aussi) car j’étais en transit et ce n’était pas que le titre de ce billet hebdomadaire, mais une réalité. Tous les cartons étaient prêts, la maison en était pleine, les déménageurs prévenus, la signature de vente programmée, je partais. Ailleurs. Le virus en a décidé autrement. Ok on s’adapte. Tant bien que mal. Et puis, on s’habitue, jusqu’à apprécier la situation. Renversement étrange. Je me suis mise à regarder différemment le jardin, la nature. A la laisser vivre. L’excuse, le jardin ne serait bientôt plus mien. Ne plus tondre en effaçant d’un tour de coupe la floraison désordonnée et colonisatrice de primevères rose, parme, blanche, la ponctuation pointilliste des myosotis. Découvrir la première flambée de l’églantier au fond du jardin, sentir son parfum subtil et poivré pour la première fois de l’année, fermer les yeux.

Prendre le temps. Fichtre.

Que se passe-t-il ? J’ai eu un jardin pendant quinze ans et en date du début de printemps, j’étais toujours ailleurs justement. Pas question de regret de ce qu’ont été ces voyages, de ces éblouissements du lointain, de ces rencontres, de ces pages écrites après. Tout cela a eu sa raison d’être… mais. C’est ce mais qui n’en finit pas de m’étonner. Ok prendre le temps, ok ne plus courir partout, ok ne plus fuir (quoi d’ailleurs ?), ok l’essentielqu’on nous ressasse à tous les modes, sur tous les tons et la pleine conscience et tout le tintouin. Oui, oui…. Je crois avoir à peu près saisi le concept à force de l’entendre seriner. Mais c’est cette course infinie et effrénée qui me permet aujourd’hui de regarder d’une autre manière ce qui est autour de moi. Et ironie, normalement je n’aurais pas dû voir le printemps, ici. Mon départ du jardin, de la maison était fixé le 19 mars… Un des aspects positifs et non des moindres du confinement qui me fait ce cadeau.

Soudain regarder.

Quitte à passer pour neu-neu à poster sur la toile, la première rose, le premier papillon, le rouge-gorge qui s’approche incroyablement. (Après enquête, cet effronté rebondi tellement il est bien nourri a été patiemment apprivoisé par de petites grands-mères du quartier. Tout le monde connaît leur conquête à jabot rouge et espère ses trilles tous les jours à l’heure du thé).

Regarder autrement. Pour la première fois. Réapprendre.

Il était peut-être temps ?

Et puis parce qu’il fallait bien que je fasse quelque chose des pissenlits….

Recette de confiture de pissenlit

Recette du pain nordique aux graines (auteur: Du Bio dans mon Bento)

Ne cueillir que les fleurs. Les mettre dans une cagette pour les aérer (1/2 heure).

  • 2 citrons non traités
  • 365 Fleurs de pissenlit
  • 2 oranges non traitées
  • 1 kg de sucre en morceaux
  • 1 l d’eau froide

 

  1. Mettre les fleurs dans une marmite avec l’eau. Ajouter les oranges et les citrons, bien lavés et coupés en rondelles.
  2. Faire bouillir. Au premier bouillon, baisser le feu et laisser mijoter pendant 1 heure.
  3. Couvrir et laisser reposer quelques heures.
  4. Filtrer le mélange.
  5. Ajouter au jus obtenu le sucre en morceaux et laisser bouillir. Laisser cuire environ 10 min en écumant régulièrement.
  6. Dès qu’elle commence à épaissir, mettre la confiture en bocaux tout de suite

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